Les écrans : ce tsunami numérique

Chroniqueuse:
Madame Lysanne Lanthier
Éducatrice Spécialisée et  Coach familial

 

Il y a un dicton qui dit : «Il n’est jamais trop tard pour bien faire». Par contre, pour certaines situations, parfois, il vaut mieux ne pas attendre à «trop tard», comme lorsqu’on voit arriver un tsunami dans son entrée de cour. Selon moi, en ce qui concerne les écrans, il vaudrait mieux prévenir les conséquences de la surutilisation de ceux-ci que d’avoir à intervenir sur les conséquences que ce tsunami numérique aura eues sur nos enfants.

En consultation avec les familles, il m’arrive régulièrement que les parents me parlent des défis liés à l’utilisation des écrans chez leurs enfants. Ce que j’entends peut ressembler à ceci : «Il est toujours sur sa tablette!», «Il ne fait rien d’autre que de jouer à ses jeux vidéo!» ou encore «Quand je lui dis que c’est terminé, c’est toujours la crise!»

Deux points communs que je ressens chez les parents qui vivent ces défis sont le sentiment d’impuissance et le sentiment d’inquiétude. Les parents semblent parfois envahis par cette problématique et ne savent pas exactement comment faire face à la situation et changer les habitudes qui se sont créées avec le temps.

Les quatre préoccupations majeures établies par le Centre Cyber-Aide en lien avec l’utilisation des technologies de l’information et de la communication (TIC) sont les relations (familiales, amicales, etc.), le temps, le développement cognitif et la différenciation du virtuel et de la réalité.

Dans mon travail, les relations familiales sont au cœur des interventions et des plans d’actions, que ce soit pour cette raison ou pour une autre. Le Centre Cyber-Aide indique que les règles parentales sont un facteur de protection important et non négligeable pour éviter la cyberdépendance. Toutefois, ce que les parents disent, c’est qu’ils peuvent avoir de la difficulté à mettre en place des limites pour leurs enfants lorsqu’ils écoutent la télévision ou encore lorsqu’ils jouent aux jeux vidéo.

Trois des raisons pour lesquelles ils ont de la difficulté à les implanter sont qu’ils veulent éviter les crises de colère de l’enfant, qu’ils reconnaissent le besoin de ce dernier de jouer à son jeu ou d’écouter ses émissions et qu’ils reconnaissent ses habiletés (il est bon dans ses jeux vidéo).

Afin de se rafraîchir la mémoire sur le temps d’utilisation des écrans (tous écrans confondus : télévision, tablette, cellulaire, iPod et autres), voici, par groupe d’âge, les recommandations :

0-18 mois Aucun bénéfice éducationnel à utiliser les écrans.
18-24 mois Pour ceux qui le souhaitent, mais avec conditions : très peu de temps devrait y être alloué et à but éducatif.
2 à 3 ans Un maximum de 30 minutes à une heure par jour est recommandé. Des pauses après 20 minutes sont également recommandées.
3 à 5 ans Un maximum d’une heure par jour est recommandé, et à but éducatif.
6 à 12 ans Un maximum de deux heures par jour est recommandé à des fins éducatives et récréatives (cela doit rester en équilibre avec les autres activités de la vie d’un enfant).
12 à 17 ans Un maximum de deux heures par jour est recommandé.

 

*Lorsqu’il y a utilisation des jeux vidéo, il est recommandé de faire des pauses de 10 à 15 minutes toutes les heures.

**Selon Sylvie Bourcier, auteure du livre L’enfant et les écrans, l’enfant de neuf ans pourrait débuter à naviguer sur internet s’il est accompagné. Vers 12 ans, il pourrait naviguer seul, en ayant de temps en temps des moments où il le fait avec un parent afin de discuter de ce qu’il voit.

Dans le titre de cet article, je compare les conséquences de la surutilisation des écrans à un tsunami numérique. Certains médecins et chercheurs les comparent aux effets de certaines drogues telles la cocaïne. Je ne développerai pas plus à ce niveau, car je ne suis pas médecin ou scientifique, mais à mon sens, ceci est inquiétant. Alors, si vous abondez dans le même sens, il est d’autant plus important de s’y arrêter et d’agir pour éviter une surutilisation et que votre enfant dérive vers une possible cyberdépendance.

Parents, vous pouvez donc vous référer au tableau ci-dessus concernant l’utilisation raisonnable du temps passé devant les écrans. Si vous vivez certaines difficultés à établir un cadre concernant l’utilisation des écrans chez vous, voici quelques pistes qui pourront vous guider :

  • Tolérer et s’attendre à ce que l’enfant ou l’ado ne soit pas en accord avec votre décision et soit même en colère contre vous (dans la limite de ce qui est acceptable);
  • Préserver votre lien chaleureux avec eux;
  • Être à l’écoute de ses émotions et accueillir ce qu’il vit;
  • Demeurer dans votre rôle de parent (éviter le rôle du parent-copain);
  • Établir les limites et les conditions de façon claire, réaliste et précise, et les conséquences logiques associées si non-respect de celles-ci;
  • Accepter une possible opposition (dans la limite de ce qui est acceptable);
  • Essayer de comprendre ce que l’enfant va réellement chercher dans son (sur)utilisation et lui offrir de façon différente, dans la vie réelle (sentiment de compétence, relations amicales, etc.);
  • Surtout, ne pas abandonner! Si l’enjeu était de la cocaïne, abandonneriez-vous?

Pour les plus petits, voici des pistes pour vous aider :

  • Bien choisir le contenu de ce que l’enfant regarde;
  • Chaque fois, être avec l’enfant;
  • Planifier des moments de jeu libre, sans écrans;
  • Créer des endroits dans la maison qui sont sans écrans;
  • Être un modèle pour l’enfant (est-ce que je suis moi-même souvent sur mon cellulaire ou sur ma tablette?)

 

Saviez-vous que…

Saviez-vous qu’à partir de 12 ans, l’enfant est responsable de ses actes sur internet? Une raison de plus pour l’éduquer face à son utilisation.

Alors, préfère-t-on prévenir ou subir un tsunami? Réduire et diminuer son impact? Ou voulons-nous ramasser les conséquences qu’il aura eues sur la famille ou encore sur la société à plus long terme après son passage? Un choix s’impose.

Si vous vous questionnez sur la situation que vous vivez, des organismes existent afin de pouvoir vous aider.

 

 

Sources :

Le Centre Cyber-Aide

Livre L’enfant et les écrans, de Sylvie Bourcier

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