Le retrait, une conséquence?

Chroniqueuse :
Madame Lysanne Lanthier
Technicienne en Éducation Spécialisé et Coach familial

Dans ma pratique, bien souvent, les parents me posent cette question : « Oui, mais Lysanne, le retrait, n’est-ce pas une conséquence? ». Il est vrai que parfois, en tant qu’adulte, nous pensons ceci : « Il va comprendre que je n’aime pas son comportement si je l’envoie dans sa chambre». Nous pensons également que cette intervention peut avoir l’air efficace. Je vais donc vous expliquer dans quel but et comment cette intervention devrait généralement être utilisée.

Quand?
Le retrait (aussi appelé l’isolement sécuritaire) devrait être utilisé lorsque l’enfant perd le contrôle de lui-même, par exemple lors d’une crise. Les comportements d’une crise sont généralement les suivants : cris, pleurs, coups, crachats, morsures. Bref, une grande agitation accompagnée de comportements inadéquats, inacceptables ou agressifs. Présentement, vous êtes probablement en train d’imaginer votre enfant lors de ce genre de moments; le retrait devrait être ainsi utilisé.
Pourquoi?
Le retrait sert à une seule chose pour les enfants : reprendre la maîtrise de ses émotions et revenir à un contrôle de soi-même.
J’entends souvent les parents dire : « Quand il fait ça, alors je l’envoie réfléchir!». Le retrait ne doit pas être confondu avec la réflexion. Il permet à l’enfant de reprendre ses esprits. Point. Si votre attente est qu’il se soit calmé, en plus d’avoir réfléchi à la situation et trouvé une solution, alors votre attente est trop élevée. Les jeunes enfants n’ont pas encore la capacité de réfléchir et d’être en mode solution de façon autonome, encore moins lors d’un épisode de crise. Le simple fait de devoir revenir au calme leur demande de l’effort et du travail.
Alors, si vous envoyez un jeune enfant en retrait et que vous exigez une réflexion de sa part, il ne sera tout simplement pas en mesure de vous donner ce que vous attendez de lui. Certains enfants tenteront une réponse vague du genre : « Parce que je n’ai pas été gentil ». Ce genre de réponse n’est pas nécessairement issu d’une réflexion, mais plutôt de quelque chose qu’ils répètent s’ils l’entendent des adultes. Un enfant vivra peut-être une déception ou une tristesse de vous voir déçu ou fâché devant cette incapacité. Cela peut, de ce fait, entraîner un sentiment de culpabilité qui n’est pas souhaité, puisque ce n’est pas le but lorsqu’on intervient auprès des enfants.
Comment?
L’idéal est de choisir l’endroit du retrait avec la collaboration de l’enfant, lorsqu’il est dans un moment de calme et de contrôle de lui-même. Vous pouvez toutefois présélectionner un ou deux endroits et partager vos idées avec lui.
Les éléments importants à prendre en considération pour un endroit adéquat et agréable :
• Un endroit où il sera dans sa bulle et à l’abri des regards;
• Un endroit confortable que l’enfant apprécie;
• Avoir quelque chose sur lequel s’asseoir ou s’étendre;
• Quelques options de stratégies à utiliser pour l’aider à retrouver son calme, par exemple avoir son toutou pour le serrer fort contre lui, des crayons et des feuilles pour dessiner sa peine, etc.
L’endroit, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ne doit pas être nécessairement désagréable pour l’enfant, et ce, pour deux raisons.
Premièrement, s’il est dans un endroit agréable, le temps de reprise de ses émotions et de retour au calme risque d’être moins long. Tentez de vous mettre dans cette situation. Imaginez-vous que vous êtes dans un moment de frustration et que votre conjoint(e) vous dit ceci: «Je te suggère fortement d’aller faire le piquet face au mur et je m’attends à ce que tu te sois calmé(e) lorsque je reviendrai te voir». Honnêtement, je crois qu’aucun adulte ne serait en accord avec cette stratégie et qu’au contraire, vous seriez encore plus «pompé» après quelques minutes passées face contre un mur. Il s’agit du même principe avec les enfants! Ce principe est d’autant plus signifiant chez les enfants, car ils n’ont pas encore développé leur autocontrôle et leurs stratégies pour gérer les frustrations quotidiennes.
Deuxièmement, avec l’intégration adéquate de cette pratique, l’enfant finira par lui-même de se rendre dans son coin retrait (coin que j’aime bien appeler «coin de ressourcement»). Il s’apercevra qu’il est agréable d’aller se calmer et d’utiliser les stratégies aidantes dans ce coin. Avec le temps, et je dis bien avec le temps, moins d’efforts devront être fournis afin de gérer les moments de crise de votre enfant.
Éléments importants à retenir :
– Le retrait est fait pour retrouver son calme, pour reprendre ses esprits;
– N’exigez pas de réflexion pour un jeune enfant (dépendamment du niveau de maturité de votre enfant et de son âge) ;
– Le coin retrait doit être un endroit qui est agréable et qui offre des stratégies aidantes de retour au calme pour l’enfant.
N.B. Ce texte contient en partie des notions sur la technique du retrait et vous propose, entre autre, des pistes de solutions pour la gestion de crises. Toutefois, si vous vivez des moments difficiles avec vos enfants, je vous suggère de consulter un professionnel qui pourra vous aider à mettre les bonnes stratégies en place, adaptées à votre situation propre à vous.
Vous aimeriez savoir plus précisément comment appliquer la stratégie du retrait à la maison, et les étapes pour l’appliquer? Ou encore vous aimeriez d’autres stratégies pour la gestion des crises? Inscrivez-vous aux ateliers de Coaching parental!
Pour toutes questions, contactez-moi via le blog de la Maison de la famille de Sherbrooke!

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