La culpabilité parentale

Chroniqueuse :
Madame Christelle Lefèvre
Questiologue, Spécialiste en relations, formatrice, conférencière

Qui ne s’est jamais senti coupable comme parent pour des gestes, des paroles, des occasions manquées d’être le parent qu’il voudrait être? Personnellement je ne connais aucun parent qui ne s’est jamais jugé négativement sur ses performances parentales. Explorons ensemble ce concept.

Être coupable implique nécessairement qu’il y a faute. Par contre, dans votre rôle parental, qui établit la faute? Bien-sûr, il y a les mauvais traitements et les négligences qui certains enfants subissent et qui sont punis par la loi. Dans ce cas, il y a une réelle faute. Par contre, les sciences de l’éducation étant des sciences « molles » et en constante évolution (rappelez-vous qu’il y a juste une ou deux générations de nous, la correction physique était encouragée), demandez-vous qui décide de ce qu’est une faute ou non? Sur quoi se base cette loi implicite?

Il y a deux sources à la culpabilité. Il y a des sources externes à nous. Et nous savons que la pression peut être forte de la part des individus que l’on côtoie, des groupes que l’on fréquente ou la société en général et tous les messages qu’elles nous envois notamment par les médias. On veut donc être la femme ou l’homme parfait(e), le ou la professionnel(le) parfait(e), le ou la conjoint(e) parfait(e), le parent parfait(e),… Sauf qu’en même temps, on n’a aucune idée de ce que c’est être parfait et on sait que c’est inatteignable. Nous sommes tellement bombardés de messages parfois contradictoires que bien souvent on ne sait plus à quel modèle on doit répondre.

Rappelez-vous que la culpabilité n’est utile qu’à ceux qui veulent obtenir des choses de vous. Notre éducation judéo-chrétienne a implanté le programme de la culpabilité en nous. Si bien que quand on est contaminé, nous n’avons plus besoin de personne pour nous culpabiliser. On le fait tout seul comme des grands. C’est la seconde source de la culpabilité, la source interne et elle est encore plus puissante que l’autre car on n’en a pas toujours conscience. Ce ressenti n’étant qu’une interprétation qu’on se créé tout seul bien souvent, il peut être réel ou une construction de notre imaginaire.

Du côté de la psychologie, Freud, qui a apporté beaucoup à cette discipline et au développement humain, a aussi apporté un discours « un peu » accusateur vis-à-vis des parents et surtout de la mère. On le sait bien, s’il y a un problème avec l’enfant, c’est la faute des parents!! Alors quand l’enfant développe des troubles du comportement, d’apprentissages ou un syndrome quelconque voire même un handicap plus visible, le jugement est intransigeant et le sentiment de culpabilité est à son paroxysme.

Bien-sûr les parents ont une influence déterminante sur le développement de leurs enfants. Ils ont une responsabilité vis-à-vis de l’enfant. Mais responsabilité ne veut pas dire culpabilité. Culpabilité implique faute alors que responsabilité implique d’assumer nos gestes et comportements. Alors si vous réalisez que vous avez fait une erreur, assumer c’est la reconnaitre, s’en excuser, tirer leçon et s’ajuster pour la suite.

Si vous vous surprenez à vous sentir coupable vis-à-vis de vos enfants, prenez du recul et posez-vous quelques questions : Qui pose le jugement? Est-ce que cette personne a les informations nécessaires ou la compétence pour me juger (personne ne les a jamais suffisamment)? Qui a dit que je devais… répondre à telle ou telle norme? À qui profite mon sentiment de culpabilité (et à qui il ne profite surtout pas)? Suis-je réaliste d’exiger de moi de répondre à telle ou telle norme ou d’être parfait(e)?

Fiez-vous à vous, faites-vous confiance. Vous êtes le parent de cet enfant et qui mieux que vous connait sa vie, la vôtre, ses besoins, votre réalité familiale? Les autres peuvent penser ce qu’ils veulent si cela les rassure ou leur donne bonne conscience, laissez les faire. Soyez bienveillant et indulgent avec vous-même. Vous êtes doué de superpouvoirs comme parent mais vous ne les avez pas tous. Personne ne peut exiger ça de vous. Restez dans la responsabilité et souvenez-vous que vous faites le mieux que vous pouvez avec ce que vous avez en main en ce moment.

Je sais que ce n’est pas facile car nous avons tout un conditionnement interne. Avec un peu d’entrainement, vous y arriverai, j’en suis sûre!

Vous avez des questions? Des commentaires? Écrivez-moi sur le blogue!!

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